Après cette longue trêve estivale, la nouvelle saison a débuté le 14 septembre par une conférence de notre Président, José de Mendiguren. qui a questionné sur la parenté de l’univers sonore du plus grand symphoniste de son temps avec celui de Richard Wagner : Anton Bruckner est-il le Wagner de la symphonie ?

Nous célébrons en effet cette année le bicentenaire de Anton Bruckner, né à Linz le 4 septembre 1924. Après des études religieuses à Saint Florian, il devient enseignant. Il étudie la musique auprès de Hans Schläger, devient chef de chœurs,et va découvrir Tannhäuser en 1863 auprès de Otto Kitzler. C’est une véritable révélation. Lors de sa première rencontre avec le maître, il va lui apporter sa première symphonie, mais n’osera pas lui montrer. Le 4 avril 1868, il va diriger en avant-première le chœur final des maîtres chanteurs pour l’anniversaire de son chœur, deux mois avant la création de l’opéra. Lors de leur troisième rencontre, Richard Wagner acceptera que Anton Bruckner lui dédicace sa troisième symphonie. Cela mérite d’être souligné car Wagner n’a accepté dans sa vie que deux dédicaces, celle-là et une à Franz Litzt.
Bruckner va se rendre dix fois à Bayreuth, assister à la création du Ring en 1876 et celle de Parsifal en 1882. C’est en composant sa septième symphonie qu’il apprendra la mort de Wagner à Venise. La mort de Wagner va le marquer profondément et réveiller en lui un fond morbide. Anton Bruckner s’éteindra le 11 octobre 1896 et est inhumé à l’abbaye de Saint Florian.
L’admiration que portait Bruckner à Wagner n’était probablement pas réciproque. Beaucoup de choses les opposent et leur vision respective de l’art reste très différente: Richard Wagner était un libre penseur et Anton Bruckner un catholique fervent, pour qui la musique était un langage qui nous aide à nous élever vers Dieu. Il était surnommé le « ménestrel de Dieu ». Wagner n’a pratiquement composé que des opéras, et Bruckner que des symphonies et de la musique sacrée. Wilhem Furtwangler disait de Bruckner que c’était « un mystique gothique perdu au XIXe siècle ». Même si Bruckner a indiscutablement été influencé par la musique de Wagner, le monde de Anton Bruckner est un monde à lui tout seul.